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HostageBillie Eilish
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PHOENIX - 2 : Origine




Partie 2 : Contact


Après une énième catastrophe sur ma planète, je ne me sentais plus apte à la surveiller. La vie que j’ai vu naître n’a eu de cesse de s’éteindre, avant de réapparaître. Et même en sachant cela, je ne pouvais plus assumer ma fonction de gardien. De plus, toujours sans réponse de Créateur, je me sentais plus que seul et non nécessaire à cette planète. Un vœu en moi s’était éveillé ; celui de voir le flot d’âme se tarir à tout jamais, me libérant ainsi de mon rôle de surveillant éthéré. Tout ce que je désirais dorénavant était de m’en aller loin. Très loin. Et peut-être découvrir d’autres essences comme moi. D’autres essences isolées et dépitées devant la tâche infinie qui nous avait été incombée. J’entrepris donc un voyage cosmique afin de trouver ces essences délaissées.


À la suite de nombreuses d’années d’errance, je devais me rendre à l’évidence ; j’étais seul et resterai seul. Alors, désespéré, je retournai à ma fonction première. Depuis combien de temps étais-je à ce poste ? Oh, je ne le saurais le dire : peut-être quatre, voire cinq milliards d’années. Oui, mon calvaire n’était plus des milliards de milliards de milliards de milliards de secondes mais bien des milliards d’années. Mais après tout, que sont des milliards d’années en comparaison de l’éternité ? Sûrement pas grand-chose. Je ravalai alors mes désillusions et repris la surveillance de cette petite planète. Car si mon voyage m’avait bien appris quelque chose, c’était que, au-delà de ma planète attitrée, se trouvaient des milliers et des milliers d’autres planètes en orbite autour d’une étoile, ou, parfois même, plusieurs. Mais parmi toutes celles que j’avais pu voir, aucune ne contenait la vie. Ma planète était-elle donc unique ? Entraînant ainsi mon unicité ? Je ne pouvais m’y résigner, mais les faits étaient là : aucun autre phénix n’existait par delà mon existence.


Qu’est ce qui faisait que mon existence était nécessaire au bon fonctionnement de ma planète ? Qu’est ce qui la rendait unique, au point qu’une prophétie divine obligeât Créateur à me donner naissance pour surveiller ce tas de roches stellaires ? La réponse me frappa de plein fouet lorsque mon essence reprit la place qu’elle devait toujours occupée : une nouvelle forme de vie avait conquis ma planète. Les individus de cette nouvelle espèces s’appelaient « humains ». Ils possédaient la parole, l’intelligence, le savoir. Pourquoi mon égoïsme m’a-t-il fait louper l’apparition de cette merveilleuse créature ? Bien que l’humain possédait des défauts, il avait de nombreuses qualités appréciables : la curiosité, la passion, l’érudition pour certains. Le comportement de ces individus était différent de l’un à l’autre. Tout comme leur diversité : tandis que certains étaient noirs, d’autres étaient plus beiges et encore d’autres tiraient plus sur le jaune. Comment cela se faisait-il ? Ils étaient pourtant tous à peu près identiques : posture verticale, une tête, deux bras, un tronc et deux jambes. Et pourtant, aucun ne se ressemblait exactement ! Il y avait toujours un petite différence : la couleur de leurs yeux, la forme de leur tête, leur taille. Mais chaque archétype avait une localisation bien particulière sur la planète qui s’était plus que modifiée en mon absence. Les continents avaient migré, façonnant de nouveaux reliefs, divisant l’océan en plusieurs réservoirs. Un morceau de terre avait carrément migré tout au sud de la planète et était recouvert d’une drôle de matière toute blanche. Je ne reconnaissais plus ce monde que j’avais surveillé pendant des millions et des millions d’années : bien que j’étais paralysé devant tant de changements, j’éprouvais une vive curiosité.

— Est-ce donc ceci que je dois protéger au dépit de moi-même ? Est-ce donc pour cette création que j’ai été placé ici ?


L’humain me fascinait ; cette créature, capable de dialoguer, d’aider son prochain, me faisait oublier toutes les abominables extinctions auxquelles j’ai pu assisté, tout au long de ma mission. La quantité d’âmes gravitant autour de cette planète était toujours la même : indénombrable. Mais peu m’importait dorénavant ; j’avais trouvé ma raison d’exister ! Tous les jours, l’humain m’impressionnait. Intelligemment dressé sur ces deux jambes, il conquérait des territoires et apprivoisait son nouvel environnement à une vitesse folle. Mais comme les formes de vie antérieures à son existence, l’humain était également capable du moins bon : il tuait, mettait à feu et à sang des villages pour imposer aux autres -et d’autant plus à ceux qui ne lui ressemblaient pas- leurs us et coutumes. Malgré cette tendance à la destruction, je ne pouvais m’empêcher de considérer l’humain comme une forme de vie quasiment parfaite ; après tout, peut-on lyncher le lion qui tue la gazelle pour vivre ? Je reconnaissais volontiers que l’humain n’est pas la bonté à l’état pur. Est-il pour autant mauvais pour ma planète ?


— Qui es-tu, toi, ô voyageur cosmique ?, chantonna une voix.

Je restai interdit. À qui pouvait bien appartenir cette voix ? Je fouillai dans le cosmos afin d’en établir la provenance. Quelle ne fut pas ma surprise quand je me rendis compte qu’elle provenait de ma planète. Ma curiosité était piqué au vif : quelqu’un sur ma planète avait-il découvert mon existence ? Angoissé, je ne répondis pas.

— Ô voyageur cosmique…

— Je suis un Phoenix. Je ne suis ni votre créateur, ni votre annihilateur : voyez-moi comme votre gardien, votre protecteur.

Un court silence parcourut le cosmos. Avais-je le droit de me présenter à ces créatures ? Avais-je le droit d’interférer avec leur destin, quoiqu’il en fut ?

— Peux-tu clarifier, ô Phoenix ?

— J’ai été placé ici, à la création de cette planète. Mon rôle est d’assurer le bon déroulement de la prophétie. J’ai assisté à la naissance de la vie, à son extinction puis à sa renaissance des dizaines de fois.

— Une prophétie ? Peux-tu nous en dire plus ?

— Hélas, je ne connais rien à propos de cette prophétie, si ce n’est qu’elle a été la raison de ma création.

— Possèdes-tu quelconques pouvoirs ?

— Aucun.

À la suite de ma réponse, rien. Le contact avait été coupé : était-ce un avertissement de Créateur ? Une manière de me rappeler ma place de surveillant cosmique ?


Plusieurs années s’écoulèrent sans que je ne puisse reprendre contact avec les humains. J’attendais donc patiemment une nouvelle tentative, en les observant. Je me sentais encore plus seul que jamais. Cette courte conversation avec mes protégés m’avait énormément marqué et avait fait ressurgir en moi l’espoir. L’espoir de ne plus être seul. L’espoir de savoir que je suis utile. Ce même espoir que Créateur m’avait donné, il y a des milliards d’années : l’espoir d’un refuge, où je saurais ne plus être seul, où je saurais être compris par d’autres. J’espérais donc que Créateur n’eut jamais vent de ma désertion à mon poste, pendant quelques millions d’années.


— Ô Phoenix. Peux-tu répondre à notre appel ?

— Oui, j’y réponds.

— Nous avons entendu ta solitude.

Comment ? J’ai été… entendu ? Quelqu’un aurait donc compris la souffrance qu’était mon isolement ?

— Nous avons, ici bas, un vecteur pouvait t’accueillir. Réponds-tu à notre appel ?

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